001 Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
005 Enfin, n en pouvant plus d effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
010 Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu il faut faire
015 C est, dit-il, afin de m aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
020 C est la devise des hommes